Publié le 19.06.2023
Rébecca Balestra entre dans le Stand-Up pour tout casser
Morges-sous-Rire Festival
Douchés par la lumière d’un simple projecteur, un micro et un verre d’eau attendent Rébecca Balestra, posés sur un tabouret. La sobriété du décor ne trompe pas, c’est du Stand-Up à l’état pur auquel on va assister. Pourtant, quand elle entre en scène avec un costume au motif de briques faisant écho aux murs nus du Comedy Cellar de New York, pailleté de « Swarovskis » rappelant son costume iconique dans sa pièce Olympia (2021), on sent qu’on va se faire surprendre.

C’est son premier spectacle de Stand-Up, mais la comédienne Rébecca Balestra n’est pas nouvelle sur les planches. Touche-à-tout, elle évolue dans le théâtre, la chanson, la poésie et le slam, et on la connaît aussi pour ses chroniques cash et hilarantes dans l’émission des Beaux Parleurs sur la RTS. Ce nouveau format s’inscrit dans une volonté continuelle de se renouveler de la comédienne, pour qui c’est important de s’impliquer dans différentes disciplines artistiques.
Ce spectacle, c’est une envie depuis longtemps. « En tant qu’actrice, j’ai toujours été à la recherche du rire », elle raconte, « c’est mon émotion préférée, c’est une émotion intelligente qui nous permet de prendre du recul sur les choses, sur nous-mêmes ». Le rire, ça fait un moment qu’elle le cherche et qu’elle le décortique à la radio. Mais sur scène, c’est différent. « Dans le Stand-Up, il y a cette radicalité d’être simplement debout devant les autres avec un micro, et le seul but c’est de faire rire en restant soi-même ». Rester elle-même, elle le fait jusque dans le titre du spectacle, lui-même intitulé Rébecca Balestra.
Selon elle, le Stand-Up se doit d’être un vrai spectacle vivant. « Ça exige d’être pleinement là, d’être en dialogue avec la salle, d’être à l’écoute des réactions, en échange avec les spectateurs. Il y a pas moyen d’échapper au présent ». Un exercice pour la comédienne, qui dit aimer rester dans son imaginaire. Mais un exercice réussi, elle guide le public à travers son spectacle, s’adressant tant au groupe qu’aux individus, avec lesquels elle joue comme des parties intégrantes du décor. Nous aussi on se sent mis à nu, comme si l’on pouvait à tout moment devenir la chute de la prochaine blague.

Et les blagues, elle les enchaîne sans s’arrêter. A un rythme effréné, Rébecca Balestra parle de Jésus et de sexe sans qu’on se rende compte quand elle passe de l’un à l’autre. Tout cela s’inscrit aussi dans un méta-commentaire sur le Stand-Up, elle qui vient du « Théâtre subventionné », elle veut rire des différences entre ces deux milieux : les publics, les intervenants, les moyens, les jugements de valeurs que l’ont fait. « J’avais envie de mettre le doigt sur cette scission pour la faire sauter ».
Mais impossible de parler de ce spectacle sans s’attarder sur le vulgaire et le grossier, des thèmes récurrents. On parle tour à tour de prostate, de couilles et de chatte, même Jésus y passe. Là où ces thèmes sont la base de la carrière de certains comédiens masculins, quand c’est une femme qui s’y applique, on peut parfois entendre un public un peu prude râler. Rébecca Balestra défend cette démarche, elle veut se réapproprier ces thèmes en tant que femme et en tant qu’actrice. Elle ajoute « c’est pas parce qu’on parle de cul qu’on peut pas réfléchir ».
Alors le Stand-up deviendra-t-il le nouveau domaine de Rébecca Balestra ? Rien n’est moins sûr, mais rien d’étonnant pour celle qui jongle avec les disciplines artistiques. « J’aimerais bien faire des projets en groupe dorénavant, parce que j’ai beaucoup été seule ces derniers temps », étant donné qu’elle a écrit le spectacle seule dans l’espace de ses six mois de congé maternité, on peut comprendre. « J’ai bien envie de me remettre dans une troupe pour jouer à plusieurs sur scène ».
Rébecca Balestra, par Rébecca Balestra :
Le 26 août au Théâtre du Loup à Genève
Les 8 et 9 septembre au Caustic Comedy Club à Genève
Du 15 septembre au 6 octobre au Club ABC à Lausanne