Publié le 18.05.2023

Meimuna, la cigale qui chante ses fables

Théâtre de l'Echandole, Yverdon-les-Bains

Écouter Meimuna, c’est faire un doux voyage dans une poésie sensible où les voix se mêlent et s’entremêlent pour nous présenter des créatures mystérieuses et des paysages grandioses.

© Julien Mudry – De gauche à droite: Isis Lambiel, Claire Moreau, Dominique Hunziker, Cyrielle Formaz, Priscilla Formaz, et Ella van der Woude
© Julien Mudry – De gauche à droite: Isis Lambiel, Claire Moreau, Dominique Hunziker, Cyrielle Formaz, Priscilla Formaz, et Ella van der Woude

Le projet Meimuna a débuté en 2016, quand la valaisanne Cyrielle Formaz écrit et produit ses premières chansons, dans sa chambre, « toute seule avec mes petits outils ».

Elle envoie une de ces chansons à la Demotape Clinic de Zürich, un concours de musique permettant à des jeunes artistes de rendre leur projet visible. Elle remporte ce concours et signe alors avec le label Radicalis, lançant Meimuna sous les projecteurs.

Avec une mère musicienne et un père illustrateur, elle est plongée très tôt dans les arts. « Le visuel et le musical m’ont toujours passionnée », nous raconte l’artiste, qui non contente de composer, produire et mixer sa musique, a également illustré les couvertures de ses six EPs.

Son souci du détail et son perfectionnisme l’ont poussée à apprendre les aspects techniques du métier en autodidacte, ce qui lui a permis de créer avec précision l’atmosphère qui englobe tous les aspects de son projet.


L’univers sonore, sensoriel, les images qu’il y a dans mes textes, dans ma musique et les images visuelles. Tout ça consiste à créer comme un petit univers, un petit monde qui me ressemble à 100%.

Meimuna
© Olivier Lovey – Cyrielle Formaz, la cigale derrière Meimuna
© Olivier Lovey – Cyrielle Formaz, la cigale derrière Meimuna

Cependant, Meimuna n’est plus tout à fait un projet solo. Aujourd’hui, quand on la voit sur scène accompagnée de cinq autres musiciennes et chanteuses, elle présente le groupe “on est Meimuna”. Alors, c’est un son riche et puissant qui nous prend et qui nous fait frissonner et vibrer quand elles entonnent La Tristesse Du Diable. Les six voix se mêlent en harmonies avec les guitares classiques, électriques et barytons, et le synthétiseur basse, dans une danse douce et intime. 

Elles nous emmènent à la rencontre des animaux de leur bestiaire, Le Grand Cormoran, Les Oiseaux de Paradis, la cigale Meimuna, et nous traversons alors l’océan et les tempêtes au gré des lumières colorées qui se reflètent sur le corps des guitares. Elles nous racontent qu’à Skagen la Mer du Nord et la Mer Baltique s’entrechoquent sans jamais se mélanger, alors qu’à l’Échandole, Meimuna et le public se rencontrent dans la mer musicale et nagent ensemble dans le courant de l’émotion.

Cet instant magique vécu ensemble est le fruit d’une longue quête. En effet, à ses débuts sur scène, Cyrielle Formaz est déçue de devoir abandonner la perfection qu’elle recherche en studio. Puis, privée de concerts par le COVID-19, elle comprend alors leur importance « ce sont les seuls moments où en fait tu peux partager tout ce que tu as fait dans ta chambre toute seule avec les gens qui t’accompagnent sur scène mais aussi le public ». Elle revient avec une autre approche, accompagnée en plus grand nombre, en racontant ses histoires, et en embrassant l’imperfection de l’instant « il y a des petites erreurs, des sourires, des larmes, des pertes de contrôles. C’est ça qui rend le live chouette ».

© Julien Mudry – La voix envoûtante de Cyrielle Formaz
© Julien Mudry – La voix envoûtante de Cyrielle Formaz

Meimuna se décline alors en plusieurs formules. Un duo à deux guitares et deux voix, le sextet auquel nous avons assisté, et le format orchestral où Cyrielle Formaz est accompagnée de douze musicien.ne.s. « Ce que j’adore avec la musique c’est le côté humain et de partage ». Ce sextet de femmes montait sur scène pour la première fois ce soir, une combinaison puissante où les voix vibrent à l’unisson et se soutiennent, alors une beauté apaisante ressort de la mélancolie des chansons, et on se dit que tout va bien. Cyrielle Formaz nous parle de cette expérience « j’adore les harmonies, quand les choses se mélangent, et c’est trop beau d’être avec les copines sur scène. »

Elle nous révèle qu’elle prépare son premier album, un album qui parle de la fin du monde. Inspirée par le livre La Route et les films post-apocalyptiques, elle remarque que ces histoires semblent aujourd’hui plus réelles qu’elles ne pouvaient l’être il y a quinze ans. « J’essaie d’en faire quelque chose de lumineux quand même, [...]  j’aimerais qu’on en ressorte avec de la lumière et de l’espoir et un sentiment de beauté, d’harmonie, d’apaisement. Tout l’enjeu est de parler de choses un peu tristes mais de garder espoir. »



Vous pourrez retrouver Meimuna le 27 juillet au JazzChur Sommerfestival (Grison), le 29 juillet au Planétarium Le Dôme à Sion (Valais) et aux Francomanias de Bulle (Fribourg) le 30 août.


Extrait de son concert à l'Echandole