Publié le 06.09.2023
La Rue se faufile tire son épingle du jeu
La Rue se faufile, La Sarraz
L’espace d’un weekend les arts de rue se sont invités dans l’ancienne usine de la Filature, à La Sarraz. Une deuxième édition remarquable, qui invite à une rétrospective.

Si La Sarraz est principalement reconnue dans le canton de Vaud pour son château et l’histoire culturelle qui y est liée, c’est un autre site historique de la commune qui a volé la vedette entre le 1er et le 3 septembre dernier. En effet, c’est bel et bien sur le site de la Filature, une ancienne usine de couverture nichée dans un virage de la Venoge, qu’a eu lieu le festival La Rue se faufile. Après une ambitieuse première édition en 2022 ayant accueilli 14 compagnies et plus de 2500 personnes, ce sont cette fois 16 compagnies professionnelles qui donnent vie à l’édition 2023, en proposant danse burlesque, chanson française, théâtre, clown, jonglage et bien plus. Parmi ces artistes, on retrouve des têtes connues de la scène romande comme Les Petits Chanteurs à la gueule de bois ou la Compagnie Alsand, mais aussi des compagnies de passage, en tournée internationale.
A la base de ce projet, on retrouve l’association de la Filature, qui gère cet ancien site industriel reconverti en espace culturel, et le duo Loraine Pernet et Antonio Lianeza à la programmation. Venus de la scène et des arts de rue les deux comédien et comédienne mettent leur expérience et leurs contacts à profit pour l’organisation de l’événement. Plus qu’investis en amont du festival, on les croisera également au long du weekend pour annoncer un spectacle à la criée ou faire passer un chapeau.
De leur programmation éclectique, on retiendra notamment Quand les poissons auront soif, spectacle de danse burlesque de la Compagnie Juste Ici, qui nous emporte dans une histoire d’amour acrobatique où les mots sont remplacés par les gestes. Le duo qui compose la compagnie nous entraîne dans un monde où le magique se mêle au quotidien alors qu’un balayeur et une voyageuse se rencontrent. Dans un autre style, nous pouvons citer le spectacle L’Odyssée d’Alice de la Compagnie Alsand, qui propose une épopée musicale schizophrénique dans laquelle l’un des membres se charge de la narration et l’autre de jouer tous les personnages. Précisant tout de suite ne pas avoir copié Homère, la troupe, tout en nous emmenant dans une odyssée, va privilégier le rap aux vers épiques.

Le festival se voulant également être un moment de rencontre entre générations, l’atmosphère y est très familiale et laisse beaucoup d’espace aux enfants sans pour autant se cantonner à ne proposer que du théâtre jeune public. En effet, si les spectacles sont adaptés aux enfants on y traite aussi de sujets sérieux, le tout en impliquant son public. Le format s’y prêtant bien, on peut alors voir de grands moments d’improvisation alors que certains des plus jeunes spectateurs et spectatrices répondent aux artistes. Ainsi tous les spectacles sont rendus uniques par les adresses du public et la manière d’habiter l’espace, suivant de fait les grandes traditions de l’art de rue. L’association de la Filature prend de même à cœur de proposer le festival le plus respectueux possible pour l’environnement. Ainsi, les différentes propositions de restauration sont occupées par différents restaurateurs et producteurs de la région. C’est donc l’économie locale et le circuit court qui sont mis à l’honneur. Les artistes ne sont pas en reste, puisque l’association garantit l’accueil et le logement, mais aussi un cachet minimum à toutes les compagnies en plus des recettes récoltées au chapeau, un respect du métier et une transparence qui sont au centre de l’esprit du festival.

Enfin, précisons finalement que, hors festival, le lieu, grand de 15'000 m2, accueille à l’année plus de 40 commerces et associations, dont un restaurant et une salle d’escalade. En outre, l’association de la Filature organise tout au long de l’année une scène ouverte à destinations des arts vivants sous le nom de « theatro magico » sur le même lieu. Affaire à suivre donc !