Crème Solaire signe la fin de la canicule avec un concert brûlant

Quand on va voir un groupe d’electro-punk, on ne s’attend pas à voir des tenues jaunes assorties faites à la main. Pourtant c’est ce que le duo Crème Solaire nous offre dès le début de ce show explosif au Festival Nox Orae à Vevey. Ils me racontent que parfois à leurs concerts, une amie à eux débarque par surprise avec un gros sac, alors ils ont de nouveaux habits à se mettre avant de monter sur scène. Cette tenue jaune, elle a été confectionnée à la main par cette amie à l’occasion du Festival Paléo où le groupe se produisait en juillet dernier.

Ce duo créé en 2018 à Fribourg à la Gustav Academy par Rebecca Solari au chant - ou au cri - et Pascal Stoll à la guitare et aux machines, s’est formé sous le signe du mélange. Mélange de style en faisant s’éclater l’electro et le punk, mélange d’approches entre un Pascal aux origines de musique en groupe et un·e Rebecca qui vient de la performance artistique visuelle, et mélange dans des paroles à la fois drôles et complètement sincères. Et la potion magique prend, pour sortir une musique unique, violente, et sur laquelle on veut bouger en rythme.

Les langues aussi, ils les mélangent. En français, en italien, en allemand, en romanche, et en anglais pour la forme, toutes les langues de Suisse se retrouvent dans des paroles barrées qui relatent des expériences de vie et de tournée sur les autoroutes suisses. La sexualité et le genre queer font également souvent leur apparition dans les textes de Crème Solaire. « C’est ce qu’on vit et c’est ce qu’on a envie de voir exister, alors l’aspect queer c’est un élément central », explique Rebecca, « On a la chance d’avoir un espace d’expression, une plateforme, alors il y a la question de ce qu’on veut raconter via ça ». 

Tout cela rend leur musique passionnante à écouter, mais pour vraiment comprendre Crème Solaire, il faut les voir sur scène. Leur sincérité nous frappe dès la deuxième chanson, quand les larmes montent aux yeux de Rebecca après qu’iel nous a offert une performance transperçante sur Uomo/Dorme. Mais l’énergie remonte très vite sous l’acclamation du public. Puis sur Flum/Biött, leur chanson en romanche, après s’être entouré·e de plusieurs longueurs de câble de micro, iel grimpe soudainement sur une échelle en côté de scène et continue la chanson à côté des projecteurs, surplombant le public de plusieurs mètres. 

Cette chanson en romanche, elle a une drôle d’histoire. « On a joué aux Grisons à un super festival, c’était un moment marquant, il s’est passé plein de trucs, alors il fallait absolument qu’on raconte cette soirée », alors leur est venu l’idée d’écrire en romanche, explique Rebecca, « J’ai grandi au Nord du Tessin, et du coup mon dialecte est aussi très proche du romanche. On s’est dit, c’est aussi la seule langue qui nous manque, et on veut pas que cette langue meure. » Ils blaguent aussi sur leur difficulté  à être soutenus financièrement avec leur style et leur format de performance distinctifs « avec une chanson en romanche, on allait être riches. Ce qui s’est pas du tout passé. »

Enfin, pour terminer le concert, sur Autobahn/Autobahn, Rebecca descend dans le public pour former sa propre autoroute à travers le public, en courant des allers-retours. Une fin thématique pour un concert rempli de surprises et d’énergie à n’en pas finir. 

Quel show ! Et quel été pour Crème Solaire qui enchaîne les concerts et qui vient de terminer l’enregistrement d’un nouvel album. Cette fois, le duo s’est laissé plus de temps pour réfléchir à son approche, faire de la recherche, et faire des choix artistiques « On voulait pas faire un album juste pour faire un album », explique Pascal, « on a encore plein de choses à dire, à crier, à pleurer, et tant qu’on aura des choses à dire on va pas arrêter de gueuler ».

Crème Solaire, à voir en concert :

Le 1er septembre au Facciamo la corte à Muzzano (TI)

7 septembre pour les 10 ans du Neubad à Lucerne

23 septembre pour les 40 ans du Fri-Son à Fribourg